Dedans ou dehors ?

- Mayya Durand -

Pour moi, l’expérience de la ville est enrichie par les espaces intermédiaires: traits d’union entre le dedans et le dehors, ils permettent de changer d’ambiance, provoquent la curiosité et donnent des envies d’exploration. 

On pourrait penser que ce qu’il y a dehors n’intéresse pas l’architecte d’intérieur. Pour ma part, j’ai toujours été attirée par la magie des espaces intermédiaires. Et ce, depuis l’adolescence. Dans cette réflexion qui est la mienne sur ce qui me plait dans ces espaces, trois images me viennent en tête, qui soulignent la grande diversité des ces endroits singuliers. Pas forcément de grands espaces remarquables de monuments, mais des images que l’on peut capturer dans la vie quotidienne et qui la rythment agréablement. 

 

Ma première image est celle d’une maison contemporaine construite par l’architecte Caroline de Pérignon, que j’ai rencontrée lors d’une visite architecturale organisée par le CAUE 31 en septembre 2021. Étant absolument simple, avec des formes rectangulaires et épurées, elle nous accueille avec une console en béton qui soudainement nous arrête, et nous permet d’évaluer le beau bleu du ciel… D’emblée, elle nous projette ainsi dans une ambiance très différente de l’agitation de la ville.

Ma deuxième image est celle du chef d’œuvre d’architecture du Centre Pompidou à Paris, que je visitais une nouvelle fois en octobre 2021, mais que j’ai toujours l’impression de découvrir pour la première fois… J’ai pris des dizaines de photos, mais celle-ci est devenue ma préférée par tout ce dont elle est témoin. Près de l’entrée du restaurant Georges, au sixième niveau, un couple âgé s’est arrêté en silence  comme s’ils ne pouvaient pas faire autrement. Fascinés par le kaléidoscope réfractant de multiples vues de Paris, semblant si vulnérables entre les immenses constructions métalliques, ils s’y trouvent pourtant en parfaite harmonie à la fois avec le dedans comme le dehors. Certainement, cet espace a-t-il été créé pour eux… et pour tout le monde.

Ma troisième image est plus abstraite. Il s’agit de la feuille métallique perforée pour que la lumière la traverse, marquant la limite de ma terrasse. J’aime regarder la ville à travers ces petits trous, redimensionnant et zoomant la belle vue sur le Canal du Midi, changeant l’angle de vue, m’approchant vers le cadre abstrait, puis m’en éloignant : chaque fois, une nouvelle image ! Ma petite méditation rafraîchissante…

  1. Entrée du pavillon de La Salvetat-Saint-Gilles, architecte : Atelier d’ architecture 319 / Caroline de Pérignon.
  2. Centre national d’art  et de culture Georges Pompidou, Paris.
  3. Fragment d’un garde-corps de ma terrasse à Toulouse.